LE CHÂTEAU DE VIZILLE
Grenoble est un délicieux centre d'excursions pour visiter la jolie station balnéaire d'Uriage, les ponts de Claix et le château de Vizille, ainsi que les deux massifs du Vercors et de la Chartreuse qui sont presque à ses portes .
Certes, ce n'est plus de la haute montagne, mais il est peu de régions alpestres, aussi commodes d'accès, qui soient à la fois si riantes et si grandioses .
La route de Combe-Laval et les Grands-Goulets, notamment, sont, à juste titre, célèbres .
Quant aux routes qui descendent du vercors _ soit sur l'Isère, par Pont-en-Royans, vers Saint Marcellin et l'abbaye de Saint Antoine; soit sur le Rhône, vers Valence, par Léoncel et le col de la Vacherie; soit sur la vallée de la Drôme, par le merveilleux col de Rousset_ elles sont toutes infiniment pittoresques .
La Drac, qui se jette dans l'Isère à la sortie de Grenoble, et son affluent, la Romanche sont les principales voies de pénétration des Alpes dauphinoises . Entre leurs deux couloirs, balayés par les vents, s'étendent les rudes plateaux de la Matheysine qu'égaient seulement les petits lacs de Laffrey, témoins d'un des épisodes les plus émouvants de l'histoire de Napoléon .
La Romanche et son affluent, le Vénéon, qui descend de la Bérarde, sont le type des torrents alpèstres producteurs de houille blanche et animateurs d'usines .
Ils traversent, rageurs et bondissants, les terribles paysages de l'Oisans, où la montagne, dépouillée de toutes ses parures, se dresse dans sa splendeur nue .
Presque plus de végétation; des rocs, des clapiers, des éboulis, des névés, des glaciers .
Ensemble qui donne cette impression de vagues soudainement figées dont parle Byron, dans "Manfred" : <<Océan sauvage, mer de glace qui scintille, lames soulevées par la tempête et que le froid aurait subitement congelées...>> .
Pays rêvé pour les véritables alpinistes, qui n'ont de cesse qu'ils n'aient gravi les plus rudes cimes de la Barre des Ecrins, du Pelvoux et de la Meije, dont le doigt dressé vers le ciel est aussi attirant que le Cervin .
La Durance qui se précipite du mont Genèvre vers les plaines provençales, marque, en quelque sorte, la limite de ces massifs dont je n'ai guère pu donner qu'une sèche énumération.
Je souhaite qu'elle suffise pour convaincre mes compatriotes qu'il est inutile de sortir de France pour connaître les Alpes .
Je n'en sais pas de plus grandioses et de plus variés que les nôtres .
Moins bien aménagées que celles de Suisse ou du Tyrol, elles se présentent sans apprêt et sans fard, couronne de ce Visage de la France, qui est, pour nous, le plus beau de tous, puisqu'il est celui de la Patrie .
N'avez-vous pas l'impression de voyager en lisant ces récits ?
Régine