LES ALPES FRANCAISES
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Inutile, d'ailleurs, de faire du véritable alpinisme pour aimer les Alpes, Rien n'est plus enivrant qu'une ascension, même modeste .
A mesure que l'on s'élève, il semble que tout l'être s'épanouisse, qu'un afflux de sève gonfle les muscles et active le cours du sang . Chaque sensation devient jouissance, se transforme en joie physique, et l'on savoure le bonheur de vivre avec une telle pléinitude que l'on croit parfois défaillir .
Lèvres et poumons aspirent avec délices un air irrespiré, tout chargé de senteurs résineuses, plus grisant que des gorgées d'élixir .
La pensée erre et bondit dans l'espace, libre et sans entrave, se pose au hasard sur les choses; on finit par oublier sa personnalité et l'on sent en soi la vie universelle .
On perçoit tous les souffles , tous les bruissements, tous les chuchotements des milliers de voix dont est tramé le silence de la nature .
On frémit pour une feuille qui tombe, un oiseau qui passe, un bourdonnement d'insecte, une odeur plus pénétrante . Enivrement merveilleux qui tient prèsque du délire...
Tu les a connues, ô Jean-Jacques, ces ivresses d'un coeur ardent qui s'exalte sur les sommets, loin des hommes, ivresse si intenses qu'elles font vibrer nos fibres les plus secrètes et nous révèlent, mieux que les livres des philosophes, tout l'infini qui est en nous...
A suivre
Régine